Parlons là de foot, et uniquement de foot. De logique sportive, d'une volonté à batir une équipe de France capable de remporter, le 10 juillet prochain, son troisième championnat d'Europe des Nations. Le 15 avril, Noël Le Graet aura seul la décision de savoir si les ennuis judiciaires de Karim Benzema l'empêchent de disputer l'Euro. Si le président de la FFF rend de nouveau l'attaquant du Real Madrid sélectionnable, ce sera à Didier Deschamps de convoquer ou non ce dernier pour la compétition dans une logique sportive. C'est celà qui nous intéresse ici.

La bonne performance offensive de l'équipe de France face à la Russie (4-2) a lancé un débat parmis les suiveurs des Bleus : et si Benzema n'étais pas sportivement indisensable ? Dans son édition du jour, l'Equipe titre "COMMUNION", avec un chapô révélateur : "Les Bleus ont reconquis un public qui ne veut plus de Karim Benzema. Pourquoi briser le charme ?" se demande le quotidien sportif.

L'Euro, c'est autre chose

Si les Bleus ont séduit face à la Russie, cette victoire est à remettre dans son contexte. Celui d'un match amical, sans enjeu. Celui aussi d'un affrontement avec un adversaire d'une faiblesse abyssale mardi soir. Et si les Bleus ont en effet inscrit quatre buts, ils n'ont pas pour autant livré un match d'une qualité incroyable. Temperons : quatre buts, dont deux sur coup de pied arrêté, et un où le gardien adverse semble totalement dépassé. Il en faura bien plus ne serait-ce que pour exister à l'Euro.


Deschamps : "Tous les pays nous l'envient" Que les Bleus n'aient pas besoin de Karim Benzema pour battre la Roumanie ou la Suisse est une chose, qu'elle puisse remporter une compétition majeure en se passant de l'un des cinq meilleurs joueurs mondiaux à son poste en est une autre. Le sélectionneur Didier Deschamps est conscient des qualités de l'ancien Lyonnais : «Vous n’êtes pas attaquant du Real pendant cinq ans avec Mourinho, Ancelotti, Benitez ou Zidane comme ça. Tous les pays nous l’envient» avait-il déclaré dans un entretien à l'Equipe il y a moins d'un mois.

Les conccurents à son poste (Giroud et Gignac) ont certes tous les deux marqués face aux Pays-Bas et à la Russie, mais ils n'ont pas franchement brillé dans le jeu. C'est là où le bat blesse : un attaquant de pointe n'est pas uniquement là pour marquer. Il doit savoir se déplacer, apporter des solutions, libérer de l'espace pour ses coéquipiers. Si Benzema a souvent été critiqué parce qu'il ne mettait pas assez de buts en Bleu, c'est oublier qu'il a déjà donné 17 passes décisives sous le maillot tricolore.

Avec Griezmann (et Payet), il parle le même foot

"L’absence de Karim Benzema a permis l’avènement d’un nouveau roi. Totalement libéré, Antoine Griezmann est le nouveau patron technique de l’attaque des Bleus" nous explique 20 minutes dans un billet à charge contre Benzema. Le journal oublie que les performances de Griezmann sont la résultante d'une progression tout à fait impressionnante du joyau de l'Atlético Madrid. Et que lors du dernier match disputé par Benzema en Bleu, le Maconnais avait déjà été très bon. Et son entente avec Benzema avait sauté aux yeux.

Martin Mosiner, journaliste à Eurosport, avait analysé cette complémentarité : "Benzema et Griezmann respirent le même football : celui des remises à une touche de balle, de la technique en mouvement dans les espaces réduits. Leur complémentarité saute aux yeux depuis l'explosion de Griezmann en sélection au Brésil. Elle a trouvé son aboutissement face à l'Arménie." puis a récidivé ce mercredi lors d'un débat sur le sujet pour le site d'Eurosport : "N'oublions pas que l'association Griezmann-Benzema a fait des ravages en équipe de France notamment lors de la dernière apparition du Madrilène face à l'Arménie (4-0). Leur complémentarité technique avait sauté aux yeux. Le jeu dos au but, la technique en mouvement : Benzema sait faire tout ce que Giroud et Gignac font. Mais en mieux. S'en passer, ce serait se tirer une balle dans le pied."

Benzema, le "Scottie Pippen" de Griezmann ?

Il a souvent été reproché à Benzema de trop décrocher, et de pas assez assumé le rôle leadership qui était le sien en équipe de France. Au Real, il s'éclate dans un rôle différent : celui de lieutenant des fantasques Ronaldo et Bale. Daniel Riolo, journaliste à RMC, analysait celà par le biai d'une métaphore : "Devant, Benzema a trouvé un rôle parfait. Il est le Scottie Pippen de Cristiano (Ronaldo)[...]Ça restera d’ailleurs toujours son problème pour les Bleus".

Peut-être la solution est-il justement de donner, comme c'est en train de se faire, les clés à Griezmann, permettant à Benzema de retrouver le rôle qui est le sien à Madrid, et de pouvoir jouer comme bon lui semble. Griezmann, qui joue plus dans une position de 9,5 que d'ailier, pourrait notamment permettre à l'ancien Lyonnais de dézonner, phases de jeu dont il est fan. De plus, une association Griezmann-Benzema-Payet, a de quoi faire rêver, tant les qualités des trois joueurs semblent pouvoir s'allier.

L'expérience du très haut niveau

Si Karim Benzema ne devait pas aller à l'Euro, ses remplacents se nommeraient donc Giroud et Gignac. A eux deux, ils compilent un championnat de France, deux FA Cup et deux coupes de la Ligue. Quand le buteur du Real a remporté la Ligue des Champions (entre autres). Un adage bien connu veut qu'on gagne une grande compétition internationale lorsque déjà, on possède deux larrons essentiels : un grand gardien, et un grand attaquant.

S'il est rhéabilité, Benzema sera à n'en pas douter une arme indéniable Bien que décisif en matchs amicaux avec les Bleus, Olivier Giroud ne semble pas être ce top attaquant qui pourrait mener la France vers le succès : il n'a marqué que trois petits buts en compétition officiel avec la sélection tricolore. Quand Benzema a scoré lors du formidable barrage retour face à Ukraine, et trois fois à la dernière Coupe du Monde.

Le rêve d'un sacre à domicile, comme lors de l'Euro 84 ou la Coupe du Monde 98 est dans tous les esprits. S'il est rhéabilité, Benzema sera, à n'en pas douter, une arme indébiable dans cette quête passionannte. Et quand à sa mauvaise image, dont l'Equipe tend à prendre comme argument, il y a fort à parier que celle-ci disparaîtrait si ce dernier venait à offrir le trophée au peuple français.