Le football est une histoire de cycle. Comme n'importe quelle équipe ou club, une domination n'est jamais éternelle. L'Espagne, comme bien d'autres nations, avant elle, avaient subit le même sort. L'Italie, championne du monde en 2006 éliminée dès le premier tour en 2010, ou même un mauvais souvenir français, l'Equipe de France, championne en titre du Mondial et de l'Euro, disparaissait du Mondial, après deux défaites et un match nul, dès le premier tour. Alors, oui, les faiblesses espagnoles (que je signalais déjà, après leur victoire de l'Euro 2012) n'ont pas été résolues. D'où une élimination logique du Mondial.

Un collectif qui n'a pas été renouvelé

C'est une raison des lacunes de cette équipe : depuis 2008, c'est une colonne vertébrale qui est restée sensiblement la même. Les Xavi, Iniesta, Torres etc, n'ont jamais été remplacés à leur juste valeur. Comme au FC Barcelone, les tauliers sont restés en place. Peut-être trop longtemps, aux vues des prestations de ces joueurs. Pourtant, il y eut un nombre important de joueurs de qualité : Koké, le milieu de l'Atletico Madrid, Mata, Fabregas, qui auraient pu amener du sang neuf à ce collectif vieillissant. Del Bosque a peut-être pris des risques, qu'au dernier moment : Xavi sur le banc, c'était ce qu'il y avait à faire depuis la Coupe des Confédérations de 2013 ; Xavi a toujours cette oeil de lynx dans le milieu espagnol et celui du Barça, mais tenir un match de 90 minutes, à envoyer des caviars aux attaquants, ce n'est plus vraiment dans sa capacité. Depuis deux saisons, Xavi n'est que l'ombre de lui-même avec le FC Barcelone.

La composition de l'Espagne en finale de 2008
La composition de l'Espagne lors d'ESpagne - Suisse, premier match du Mondial 2010
Composition de l'Espagne contre les Pays-Bas, Mondial 2014
Composition de l'Espagne contre la Croatie - Euro 2012

La motivation n'était plus là

On connaissait les Espagnols mentalement valeureux depuis 2008, où les Espagnols ont réussi à se qualifier de justesse, par des tirs au but. Ce soir, ils n'ont jamais été prêts mentalement : jamais capable de se ressaisir d'un but égalisateur du Pays-Bas, sans vie après le premier but du Chili, l'Espagne n'était que vacillante sur ce plan là. Car, au fond, les cadres ont peut-être perdu la motivation, la soif de gagner, la soif de remporter des titres, avec pour la majorité des joueurs, un palmarès déjà très riche, notamment avec leurs clubs. Voilà, l'optimalité rompue avec des joueurs qui n'ont jamais été réellement concernées par cette énième Coupe du Monde disputée. Car, au fond, c'est peut-être l'erreur de Del Bosque : savoir reconnaître les joueurs fatigués et usés, pour les remplacer par du sang neuf.

SOS Attaquant efficace

Fernando Torres, Fernando Llorente, David Villa, Diego Costa, Cesc Fabregas ont tous connu l'exercice difficile d'être l'attaquant de pointe de la Roja. Avec des résultats plus que décevants. Evidemment, comme au FC Barcelone, où Messi n'est pas un attaquant de pointe pur, décrochant la majeure partie du temps de la surface, le jeu prôné par l'Espagne n'était pas un avantage pour avoir un vrai numéro 9, qui ne resterait que devant le but, comme on dirait vulgairement "camper" devant le but. Au contraire, les attaquants espagnols ont dû s'excentrer sur les côtés, récupérer bas les ballons, choses que peu d'attaquants espagnols ont su faire. Un vrai problème qui a montré la faiblesse offensive des Espagnols, accentuée par la faiblesse d'un changement de rythme et une monotonie impressionnante.

Une défense à revoir

Qu'est ce qui n'a pas marché avec l'Espagne ? La défense, même avec un changement de dernière minute avec Javi Martinez, l'Espagne a pataugé. Iker Casillas devra laisser sa place, à plus jeune, purement à Victor Valdès, de plus en plus serein sur sa ligne, mais devra être accompagné de joueurs complémentaires. Depuis l'Euro 2012, la sérénité de Piqué, Sergio Ramos n'a jamais été très importante : aujourd'hui, l'Espagne en paye les pots cassés : 7 buts encaissés en deux rencontres, un total impressionnant (dans le mauvais sens). Car dans le même moment, l'Espagne n'a toujours pas retrouvé des joueurs capables d'assurer derrière. Pourquoi pas se tourner vers un bloc équipe, amené à la "mode" par l'Atletico Madrid. On ne sait pour le moment, pas ce que l'avenir espagnol dira, mais une chose est sûre, l'axe Piqué-Ramos ne devrait pas en sortir indemne.

"This is the End" pour le Tiki Taka

Le Barça l'avait montré, l'an passé, l'Espagne nous le montre cette année. C'est la fin du tiki taka, ce jeu prôné à base de passes courtes, conservation de balle à 70-80%. Aujourd'hui, toute bonne équipe a trouvé la faille. Et aujourd'hui, que ce soit en club ou en sélection, les Espagnols continuent avec ce jeu qui a fait son temps : un style stéréotypé, pas d'effet de surprise. Une fin en soit, logique, puisque le football n'est, en fait, qu'une succession de cycles. Ce cycle 2008-2012 a fait son temps, le cycle 2014-20(..) devra choisir un autre jeu, sûrement avec l'arrivée d'une nouvelle vague de joueurs espagnols.

Exit donc les Xavi, les Puyol, Iniesta, l'Espagne devra tout changer. Comme la France en 2002, ou l'Italie en 2010, un changement drastique de joueurs s'imposera. En plus d'un changement de philosophie de jeu, l'Espagne devrait, en Russie, pouvoir reconquérir le monde pour le Mondial 2018.