Pour ce tant attendu derby du Nord de Londres, le 160e en championnat, les deux équipes jouaient gros. En cas de victoire, Tottenham pouvait prendre la tête du classement et évincer presque définitivement son ennemi juré de la course au titre. Effectivement, les Gunners n'avaient pas le droit à l'erreur, pour espérer garder une chance de disputer le titre dans le sprint final. Les hommes de Mauricio Pochettino se présentaient dans une composition classique notamment avec le retour de leurs deux latéraux, Walker et Rose mais aussi de Dele Alli, pièce maitresse de l'animation offensive des Spurs. Harry Kane, meilleur buteur du club, est évidemment aligné à la pointe de l'attaque. Arsène Wenger, lui, n'avait pas l'embarras du choix et a dû composer sans son gardien titulaire Petr Cech, qui sera absent durant 1 mois après sa blessure aux ischios-jambiers dans la semaine face à Swansea, mais aussi de Laurent Koscielny, patron de la défense, toujours touché au mollet. C'est donc David Ospina qui débute dans les buts pour son premier match de la saison en championnat, accompagné d'une charnière Mertesacker/Gabriel. Mohamed El Neny est quant à lui titularisé pour la première alors qu'Aaron Ramsey évoluera sur le côté droit de l'attaque aux côtés de Sanchez, Ozil et Welbeck, préféré à Giroud.

La magnifique madjer de Ramsey

De l'intensité, de l'engagement, du rythme, le début de match annonce clairement la couleur de ce derby du Nord de Londres. Tottenham asphyixie Arsenal d'entrée et Harry Kane peut frapper 3 fois coup sur coup, sans pour autant mettre en danger David Ospina (5e, 6e, 7e). Poursuivant leur domination, les Spurs, par l'intermédiaire d'un centre de Walker et d'une reprise de Lamela, voient le portier des Gunners sortir le grand jeu sur sa ligne (26e). Complètement acculés dans leur moitié de terrain, les Gunners tentent de ressortir le ballon en envoyant Danny Welbeck dans la profondeur. Alerté côté gauche, ce dernier s'infiltre dans la surface avant de servir Bellerin en retrait, qui trouve Ramsey seul au point de penalty et qui conclue d'une sublime madjer (39e). Le Gallois marque ainsi son 5ème but de la saison en championnat et permet à son équipe de respirer et de mener, contre le cours du jeu, à la mi-temps sur la plus petite des marges. Arsenal est alors à égalité de point avec son adversaire du jour.

Le tournant du match : l'expulsion de Coquelin

Les hommes d'Arsène Wenger reviennent en seconde période avec l'intention de faire le break, en ayant la maîtrise du ballon. C'est malgré tout Tottenham qui se crée la première occasion grâce à Walker, dont la frappe du pied droit est repoussée des deux poings par Ospina (50e). Arrive alors le tournant de cette rencontre. Alerté le long de la ligne de touche côté gauche, Harry Kane, pourtant esseulé, est fauché par Francis Coquelin, qui écope alors de son deuxième carton jaune, synonyme d'expulsion (55e). Les Gunners vont alors devoir jouer presque une mi-temps entière en infériorité numérique, sous la pression des assauts des Spurs. Et ces derniers ne tardent pas à se mettre en action.

C'est d'abord Kane, d'une puissante frappe du droit, qui oblige le portier colombien à une exceptionnelle parade sur sa ligne, la Goal Line Technology permettant à l'arbitre de la rencontre Michael Oliver de ne pas accorder le but (57e). Les vagues bleues et blanches se succèdent et trois minutes plus tard, Arsenal craque une première fois. Sur un corner venu de la gauche, Lamela dévie le ballon pour Alderweireld, qui vient égaliser d'une puissante demi-volée du gauche à bout portant, ne laissant aucune chance à Ospina (60e). Les hommes d'Arsène Wenger, complètement désorientés depuis l'expulsion de leur milieu de terrain, ne parvenant pas à poser le pied sur le ballon, craquent une deuxième fois deux minutes plus tard. Sur un ballon anodin côté gauche, Dele Alli talonne pour Harry Kane, l'attaquant anglais enroule une frappe splendide du pied droit à l'entrée de la surface, heurtant le poteau droit d'Ospina, pour finir au fond des filets (62e). Les Gunners ne voient plus le jour avec cette expulsion et ces deux buts coup sur coup mais tentent malgré tout de repartir de l'avant.

C'est tout de même Harry Kane qui est proche de faire le break sur une frappe en pivot dans la surface, qui passe juste à côté du but (72e). Ses joueurs ne trouvant pas la solution Arsène Wenger réagit et décide de faire rentrer Olivier Giroud, muet depuis 10 matchs, pour tenter d'égaliser. C'est alors, qu'Alexis Sanchez, sous une pluie battante et bien servi par Bellerin en profondeur, place une frappe croisée du pied droit, trompant ainsi la vigilance d'Hugo Lloris (79e). Le Chilien, lui aussi muet, depuis 11 matchs, permet à son équipe d'égaliser et d'inscrire par la même occasion son 7e but de la saison en Premier League. Le match devenait alors complètement débridé et les deux équipes tentaient le tout pour le tout pour arracher une précieuse victoire.

Mais ni Mason, ni Eriksen ne parviennent à tromper la vigilance de David Ospina, ce dernier assurant parfaitement l'intérim dans la cage des Gunners (83e, 85e). Arsenal aura aussi les occasions de faire basculer le match mais Alexis Sanchez joue mal le coup en tentant de trouver Welbeck à l'entrée de la surface (84e) puis c'est Hugo Lloris qui se détend parfaitement sur un coup-franc du Chilien (88e). Dans le temps additionnel, Aaron Ramsey, milieu à tout faire des Gunners, est servi en position idéale dans la surface, mais voit Alderweireld le devancer in extremis face au but (90+3). Au terme d'un superbe derby londonien, Tottenham et Arsenal se neutralisent alors et laissent donc filer le leader Leicester, seul en tête du championnat. Arsenal, réduit à dix durant 40 minutes, fait tout de même la bonne opération compte tenu de la physionomie du match mais reste à 3 longueurs des Spurs et 5 des hommes de Claudio Ranieri.

Le joueur : H.Kane

Malgré que sa sublime réalisation n'apporte pas les trois points de la victoire à son équipe, l'attaquant anglais, deuxième meilleur buteur du championnat à égalité avec Lukaku et 17 buts, a été dans tous les bons coups de son équipe. Déterminé dès le début du match avec ses trois frappes en trois minutes (5e, 6e, 7e), il a ensuite provoqué l'expulsion de Francis Coquelin, permettant à son équipe de faire basculer la rencontre en deux minutes. Il aurait aussi pu faire le break avant l'égalisation de Sanchez grâce à une frappe en pivot dans la surface (72e) puis une tentative hors cadre du gauche en fin de match (89e). Par ailleurs, ce but lui permet de comptabiliser 4 buts lors des 3 dernières confrontations entre les deux ennemis.

Arsène Wenger (Arsenal) : «Il reste une chance»

L'entraîneur des Gunners estime que son équipe a encore son mot à dire pour l'attribution du tritre de champion et souligne la hargne de son équipe pour arracher l'égalisation en infériorité numérique : «Je suis fier de l'état d'esprit mais il y a de gros regrets, comme l'exclusion. Cela a été dur à encaisser. On avait prévenu Coquelin à la pause car il avait déjà été averti et ensuite Dier aurait mérité également un 2e jaune qui aurait changé l'équilibre du match. Ce que nous avons fait est encourageant et si on peut le reproduire, il reste une chance. C'est peut-être notre meilleure occasion cette année. Ce match révèle notre état d'esprit, l'équilibre de l'équipe et surtout sa solidité. La pression de nos supporteurs est constante et je suis bien placé pour vous le dire. Si Leicester gagne à Watford, ils seront très bien placés et ne dépendront plus des autres.»

Mauricio Pochettino (Tottenham) : «Ce n'est pas une question de maturité»

L'entraîneur des Spurs regrette d'avoir été rejoint au score malgré la supériorité numérique mais refuse de parler d'un manque de maturité de ses joueurs : «Je suis content même si c'est vrai qu'après avoir mené 2-1, le résultat est un peu décevant. Mais on doit se satisfaire de maintenir Arsenal à trois points. Après notre deuxième but, à 10 contre 11, ils ont marqué et c'est notre erreur. On a bien répondu après la défaite à West Ham mais je pense qu'on méritait plus à la vue de ce qu'on a montré. On n'a pas de chance sur le premier but encaissé. On a manqué une grosse opportunité mais il reste neuf matches. Ce n'est pas une question de maturité, de caractère mais les gens continuent de penser que c'est à cause de ça. Je connais beaucoup d'équipes expérimentées qui encaissent des buts à la fin. On sort d'une période très chargée qui dure depuis le début de la saison. Parfois c'était fou, donc pour ça on est assez fier.»

Au programme des deux ennemis, l'Europe et l'Europa League pour Tottenham jeudi et son match aller au Signal Iduna Park face à Dortmund, pour le compte des 1/8èmes de finale. Arsenal lui, se déplacera à Hull City mardi, pour le 5ème tour de la Cup.

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