VAVEL FRANCE : Bonjour Brice, pour celles et ceux qui ne te connaissent pas, présente-toi

B.Iriebi : Bonjour, je m'appelle Brice Iriebi, j'ai 21 ans, je joue au poste de milieu de terrain. Je suis footballeur professionnel depuis 2012 et je suis désormais à Southport, en cinquième division anglaise. 

VAVEL FRANCE : Tu as donc été formé à Lille, mais comment es-tu arrivé au LOSC ? 

B.Iriebi : Je jouais au Bourget à l'époque, club qui était partenaire du LOSC. J'ai été reperé à l'âge de 11 ans pour intégrer le centre de formation de Lille. Mais ma mère a refusé que je m'en aille. Puis ensuite j'ai été à l'INF Clairefontaine, et pendant cette période j'ai signé un précontrat avec le LOSC. 

VAVEL FRANCE : Pendant trois ans, tu vas jouer avec la réserve de Lille. Est-ce que tu as fais des apparitions avec le groupe pro ? 

B.Iriebi : Non pas de matchs, juste des entraînements avec eux. J'étais souvent choisi en premier chez les jeunes de la CFA. Mais jamais je n'ai joué avec eux, qu'avec la réserve et ceci pendant trois ans. 

VAVEL FRANCE : Rudi Garcia pensait beaucoup de bien de toi non ? 

B.Iriebi : J'ai beaucoup discuté avec lui, notamment lors de ma dernière année (N.D.R.L 2011-2012), il me prenait souvent à l'entraînement comme je l'ai dit précédemment. Il me donnait des conseils, notamment pour mon avenir. J'ai apprécié ce discours, également celui de Claude Fichaux qui s'occupait de la liaison entre le groupe pro et la réserve. Ils m'ont donné de bons conseils. 

VAVEL FRANCE : En 2012, tu es en fin de contrat, pourquoi tu ne resignes pas ? 

B.Iriebi : Parce qu'on m'a refusé la prolongation de contrat. Je n'ai pas eu d'autres propositions venant du club. J'avais anticipé cette situation car l'équipe tournait bien et rêvait de grandir. Je n'avais aucune garantie d'avoir ma chance ou d'être considéré vraiment comme un joueur de l'équipe première. J'avais quand même préparé ce refus, et pendant l'année j'ai cherché ailleurs.

VAVEL FRANCE  : Direction donc Blackpool, qui joue en Championship. Pourquoi ce choix ? Tu n'avais pas d'autres offres ailleurs ? 

B.Iriebi : J'ai eu la possibilité de rester en France, mais les clubs intéressés étaient très serrés financièrement (Le Mans). A partir de là, je voulais être considéré comme un joueur d'une équipe professionnelle ailleurs. J'ai été influencé par mon agent et puis Blackpool m'a contacté, l'entraîneur à l'époque, Ian Holloway m'a clairement dit : "Je vais te former, te préparer pour qu'ensuite tu joues chez les pros" . J'ai accepté alors le challenge. 

VAVEL FRANCE : Tu arrives à Blackpool, et comment ça se passe ? Apparemment tu jouais avec la réserve ? 

B.Iriebi : Oui, mais je faisais les entraînements avec les pros. Là-bas, c'était un autre monde. On avait un effectif de 39 joueurs, dont 14 joueurs qui étaient prêtés chez nous. Je n'étais pas préparé à ça, la concurrence était féroce. En plus, on a eu quatre entraîneurs durant la saison, un vrai bazar. C'était compliquer de s'imposer, j'ai effectué toute la préparation d'avant-saison au Portugal ainsi que les matchs amicaux. Derrière j'ai joué avec la réserve. Courant octobre, l'entraîneur qui m'a fait venir (Ian Holloway) part pour Crystal Palace. Pendant le mercato d'hiver, il a tenté de me faire venir mais les dirigeants de Blackpool en demandaient trop au niveau du pourcentage d'une future vente. Le transfert ne s'est donc pas fait.

VAVEL FRANCE : Découverte aussi d'une autre culture, c'est quoi les différences entre le foot anglais et le foot français, notamment aux entraînements, aux matchs ? 

B.Iriebi : Je vais redire ce qui a déjà été dit, c'est au niveau de l'intensité. Les duels sont très durs, les joueurs sont athlétiques, ça va bien plus vite qu'en France, il n'y a jamais de temps mort. L'arbitre laisse faire, siffle moins et laisse le jeu se poursuivre. Moi, personnellement ça ne me déplaît pas. Même s'il faut avouer qu'un temps d'adaptation est indispensable pour "apprendre les coups" (rires).  C'est le foot comme je le pratique, comme je l'aime. 

VAVEL FRANCE : Tu restes seulement un an à Blackpool, car tu suis ton entraîneur de la réserve qui a été nommé à Southport (Skill Conférence). 

B.Iriebi : J'ai signé un an à Blackpool et je n'ai pas voulu lever l'option. Le club n'était pas assez stable, on travaillait dans des conditions précaires, digne de la DH en France, les équipements étaient catastrophiques. Je souhaitais revenir en France, mais vu que je n'avais pas joué en pro à Blackpool, j'étais devenu un inconnu. J'aurai mis longtemps à trouver un point de chute. J'ai alors eu des entretiens téléphoniques avec Alan Wright (entraîneur donc de la réserve), on a parlé de mon futur. J'ai trouvé le projet intéressant, donc j'ai sauté sur l'occasion et j'ai signé à Southport, car malgré ce que l'on dit, le championnat de Conférence est vraiment pas mal. 

VAVEL FRANCE : Malheureusement il est viré rapidement...

B.Iriebi : Oui il est licencié le 7 décembre, bien évidemment pour des raisons sportives (Southport est actuellement 20ème du championnat sur 24 équipes). Même si je pense qu'il n'a pas réussi à se faire respecter, notamment par les anciens joueurs qui sont au club depuis très longtemps. 

VAVEL FRANCE : Apparemment, à la signature tu as reçu certaines choses, nous nous trompons ? 

B.Iriebi : Non, j'ai un passe gratuit dans toutes les salles de sport, pour les bus. J'ai également un dirigeant qui me conduit tous les mercredis pour faire des courses. Et un autre vient me chercher pour m'emmener à l'entraînement, il me ramène aussi à mon domicile. J'ai aussi eu des vélos. Et certains autres avantages.

VAVEL FRANCE : Forcément, tu as été surpris d'avoir ça ? 

B.Iriebi : Oui j'ai été surpris, parce que je n'avais rien demandé. Il a voulu me mettre dans les meilleures conditions possibles. Je lui en serais toujours reconnaissant. 

VAVEL FRANCE : Depuis le début de la saison, tu as eu quelques blessures. Mais c'est comment la D5 ? Cela joue comment ? Raconte-nous. 

B.Iriebi : Cela joue vite, c'est du jeu direct. Certaines équipes tentent de faire du beau, mais ce ne sont pas celles qui finissent en haut de tableau. Donc les coachs sont réticents envers ce style de jeu. Le championnat est physique. Malgré tout, il y a des jeunes joueurs qui appartiennent à des clubs de Championship, de League One qui sont prêtés en Conférence. Ils sont bons, très fort techniquement. Il y a aussi des joueurs expérimentés comme Edgar Davids, même s'il a pris sa retraite. Je joue avec Nathan Elligton, qui était à Wigan, West Bromwich notamment. Ce championnat n'est pas à prendre à la légère. Je pense qu'il est sans doute meilleur que le championnat National en France, en tout cas les deux niveaux sont proches. 

VAVEL FRANCE : Au niveau de l'ambiance dans les stades, des supporters, comment est la D5 ? 

B.Iriebi : L'ambiance ? C'est le feu, ce sont des passionnés, des fous ! Par exemple chez nous, on a une moyenne de 2000 spectateurs. Sachant qu'on est un des plus petits stades de la ligue. Cela en dit long...

VAVEL FRANCE : Forcément, un championnat comme celui-ci te forge, que ça soit mentalement et physiquement ? 

B.Iriebi : Oui on apprend sur soi, c'est clair. L'hiver, on ne joue pas sur des beaux terrains, c'est rugueux et difficile. Je n'aurai jamais appris cela en France, j'en suis persuadé. 

VAVEL FRANCE : As-tu une anecdote à raconter sur ton périple en Angleterre, notamment en D5 ? 

B.Iriebi : Une fois, j'ai pris le taxi pour aller voir un match de Première League. Je parlais avec le chauffeur et il me disait qu'il était fou de foot. On a continué et puis il m'a montré son dos, il avait le logo de Southport tatoué. Je lui ai dit alors que j'avais signé. Il a appelé alors son fils en "Face Time", qui lui aussi est fanatique de ce club. Il m'a vu et il a pleuré, j'étais gêné. Mais ça bien montré qu'ici que ce n'était pas de la rigolade, ce sont des fans absolus. 

VAVEL FRANCE : Tout récemment, il y a eu le Boxing Day, comment prépare-t-on cette période ? 

B.Iriebi : On s'entraîne tous les jours y compris les matins des jours de match. Donc je dirais qu'on les prépare en s'entraînant plus que les semaines classiques. Il n'y a également pas de place pour les fêtes. 

VAVEL FRANCE : Quelle est la pire équipe que vous avez jouée cette saison ? 

 B.Iriebi : La pire ? C'est Marske United en FA CUP. C'était l'équipe senior la plus faible que je n'avais jamais vu. Ils étaient en surpoids (rires) ! Il n'y avait pas de fond de jeu, rien. Juste des mecs qui couraient et qui étaient contents d'être là. 

VAVEL FRANCE : Tu souhaites partir de Southport si nous avons bien compris ? Tu as des offres ? Des contacts ? En France ? 

 B.Iriebi : Oui je souhaite partir, car j'aimerais faire un pas en avant dans ma carrière. J'ai des contacts, j'aimerais bien revenir dans un pays francophone, car je parle la langue et que l'adaptation sera plus rapide. Mais rester en Angleterre, dans un championnat plus haut serait aussi une solution qui m'intéresserait.

VAVEL FRANCE : Tu regrettes donc certains choix, parti trop tôt ? 

B.Iriebi : Oui je regrette surtout d'être parti de Lille et de France. Je pense être parti un an trop tôt. J'avais des ouvertures ailleurs, c'est la plus grande erreur de ma vie d'avoir quitté la France pour l'Angleterre à ce moment là. Même si je pense être dans le meilleur pays pour avancer dans le football. 

VAVEL FRANCE : Est-ce que tu as un message à faire passer, pour un retour en France ? 

B.Iriebi : C'est de revenir en France, ou en Belgique que je connais bien. Je parle la langue, certains clubs me connaissent aussi. En allant jouer en Angleterre, j'ai appris à combler énormément de mes défauts, je suis devenu plus fort qu'auparavant et je pense apporter des choses à beaucoup de clubs. 

Nous remercions Brice d'avoir répondu à nos questions et nous le souhaitons une bonne continuation dans sa carrière de joueur professionnel. 

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About the author
Thomas Bernier
19 ans, rédacteur football et cyclisme