Si le Wisla Plock a réussi l’an passé à décrocher une jolie neuvième place (sur 16) en saison régulière, et n’a pas eu trop de mal à se maintenir, ce n’est pas pour autant que le club fondé dans l’immédiat après-guerre va bien. En effet, de véritables intrigues dignes des tragédies de Shakespeare se nouent au sein même du club. Avec en emblème le dossier estival Dominik Furman. Retour sur l’incroyable imbroglio au sein du Wisla Plock.

Dominik Furman : recrue idéale ?

Toute l’histoire commence avec le recrutement de Dominik Furman. Ce dernier avait tout du bon coup pour le club polonais. En effet, le milieu axial de 25 ans semblait un recrutement idéal. D’abord parce qu’il connaît le football polonais. Formé au Legia Varsovie, le plus grand club polonais, il y a disputé plus de 70 matchs en pro avant d’être acheté par le Toulouse FC, en France. Et si le natif de Szydlowiec n’a pas réussi à s’imposer dans le sud-ouest (cinq matchs disputés entre 2014 et 2017), il a pourtant conservé des arguments intéressants. Prêté au Legia Varsovie en 2015-2016, il y a disputé 39 matchs et scoré à deux reprises, se rapprochant toujours un peu de la sélection polonaise. Sélection qu’il a déjà fréquenté en 2012, lors d’un match amical non-officiel contre la Macédoine.

Et malgré l’échec de son prêt au Hellas Verone, en Italie (un seul match disputé), le Wisla Plock voyait toujours en Furman un joueur intéressant. D’autant plus que ce dernier leur avait été prêté à l’été 2016. Son prêt avait été plus que concluant, conduisant logiquement les dirigeants du Wisla à vouloir le recruter. Le club polonais et le Toulouse Football Club sont assez vite tombés d’accord, puis les dirigeants avec le joueur ensuite. L’idylle avait d’ailleurs bien commencé, car Furman a récupéré le numéro 8, son numéro fétiche. Sur le plan personnel, il a également apprécié ce retour en Pologne, lui qui disait souffrir d’une certaine forme de mal du pays en France et en Italie. D’autant qu’à Plock, un temps de jeu conséquent lui était assuré, ainsi qu’une certaine place dans le groupe. Du fait de son statut de joueur mais aussi de son fort caractère.

Embrouilles

Seulement voilà, le courant n’est pas passé avec le coach lors de la pré-saison. Et Dominik Furman a fait du chantage. Le milieu de terrain est allé voir son président, et lui a dit, en quelques mots, ce qu’il pensait des méthodes d’entraînement de Kaczmarek. Pour finir l’entretien en posant à son président un ultimatum : « c’est lui ou moi ». Et le président de céder à sa star, en libérant son entraîneur, Marcin Kaczmarek, qui pourtant depuis cinq saisons effectuait un gros travail au Wisla Plock. Un travail salué par beaucoup.

Dans les rangs des supporters, les réactions sont mitigées. Une frange minoritaire est contente du départ de l’entraîneur, espérant pouvoir encore augmenter les ambitions avec un nouveau coach. Mais ce mouvement est balayé par ceux qui s’insurgent du comportement inadmissible d’une starlette du club. Surtout quand ce joueur est le mieux payé de l’effectif, et que le club a consenti de gros efforts pour le recruter.

Malheureusement pour Dominik Furman, la ville, actionnaire majoritaire du club, est de l’avis de la dernière tranche des supporters. Et elle s’en est allée demander des explications au président du club. En effet, le licenciement de Marcin Kazmarek, qui semblait être l’homme de la situation, est assez mal passé. Car Kazmarek est quand même l’homme qui a permis au club de deuxième division d’être promu en Ekstraklasa, l’élite du football polonais. Et qui a relativement aisément permis au club de Plock d’assurer son maintien.

Quel avenir ?

La question qui revient sur toutes les lèvres en Pologne est : quel sera l’avenir du Wisla Plock ? En effet, la Lotto Ekstraklasa commence dans dix jours à peine (le 14 juillet, le Wisla recevra le Lechia). Et le club n’a toujours pas d’entraîneur. Surtout, le président aussi a été mis sur la sellette. En effet, la municipalité elle aussi a posé un ultimatum au président, Jacek Kruszewski. Jugeant inadmissible la rébellion d’une starlette, elle a indiqué au président que celui-ci risquait fortement de ne plus s’asseoir à son bureau si Dominik Furman n’était pas vendu dans les plus brefs délais. Et la ville étant actionnaire majoritaire, il est probable que Kruszewski obéira aux ordres venus « d’en-haut ».

Mais nombre de questions restent à élucider. Tout d’abord, qui sera à la tête de l’équipe l’an prochain ? Le grand journal sportif polonais Przeglad Sportowy affirmait il y a quelques jours que le nom de Jacek Paszulewicz était très fortement à l’étude. Ensuite, quel sera l’avenir de Dominik Furman, aussi bien au club que loin de ce dernier. Et cela, pas même ce dernier ne peut le dire. Ce qui est sûr, c’est que la reprise approche à grands pas. Et que le Wisla Plock se retrouve à présent sans entraîneur et sans son meilleur joueur. Et pour ne rien arranger, peut-être aussi sans président, ce dernier ne souhaitant plus continuer dans un club où l’on marche littéralement sur la tête. Ainsi va le football en Pologne.