1ère minute. Pastore décale Van der Wiel qui centre vers Cavani. Le contrôle n’est pas bon, mais peu importe quand ça termine au fond me direz-vous. On soulignera au passage l’amabilité du gardien qui facilita grandement la tâche de l’Uruguayen. Ensuite ? Ensuite, Paris a géré, tranquillement, gentiment. Paris a bien, par moments, poussivement tenté d’accélérer mais n’a pas réussi à concrétiser. Comme depuis le début de la saison, les parisiens ne perdent pas, ils sont encore invaincus, pourtant ils ne semblent pas en mesure d’emballer le match, de montrer qu’ils sont sensiblement meilleurs que leurs adversaires.

Contre Nicosie, l’équipe de la capitale avait le ballon, comme toujours finalement. Et comme souvent ces derniers temps, elle n’a pas pu, voulu, essayé -vous choisirez le terme qui vous semble le plus adéquat- déstabiliser son adversaire. Les passes étaient trop lentes, trop réfléchies, trop banales. Lorsque Paris monopolisait le ballon, il semblait attendre l’erreur chypriote, espérer l’ouverture d’une brèche, d’un espace. En aucun cas, il ne cherchait à créer lui-même ce décalage, cette ouverture. Trop souvent, les joueurs parisiens ont attendu quatre voire cinq secondes avant de donner leur ballon. Trop souvent, ces derniers ont attendu de recevoir la balle pour penser à trouver une solution, à chercher un partenaire démarqué. Tout en livrant une performance appliquée et sérieuse, le Paris SG n’a pas semblé désirer prendre véritablement les choses en main en accélérant les mouvements et les transmissions. Non, il s’est concentré sur la conservation du ballon pour être tranquille défensivement et ne pas se faire de frayeurs comme lors du match aller à Chypre. Serait-ce pour se conserver en vue du classico ? Serait-ce par manque de sérénité ? Serait-ce par manque de moyens ? Un peu de tout sans doute.

Des cadres fébriles

On appellera ça la malédiction de la première touche de balle. Lorsque qu’Edinson Cavani reçoit le ballon son premier geste est, en ce moment, constamment maladroit. Il se démarque, son partenaire le voit, lui adresse une passe de qualité et Cavani rate son contrôle, sa première touche de balle. Voilà un schéma qui parlera à tous les suiveurs du Paris Saint-Germain. Contre Nicosie, lorsqu’il marque, l’Uruguayen loupe son contrôle mais peu importe puisqu’il y a but. Le problème est que, trop souvent, cette maladresse conduit au gaspillage de l’action de but. Quand Edinson Cavani se retrouve en face-à-face avec le gardien ou avec un défenseur, il apparait paralysé. C’est comme s’il avait perdu son savoir-faire. Edi ne sait plus quoi réaliser, il panique. Assurément, ses difficultés ont un rapport direct avec son actuel déficit de confiance. Edi n’a pas oublié, il lui manque simplement un élément déterminant : il doit à nouveau se persuader qu’il est capable. Pas la plus simple des tâches. Dans cette quête de confiance, plus qu’un travail personnel, Laurent Blanc doit avoir un rôle essentiel.

Thiago Silva doit apprendre à vivre avec l’échec. L’échec d’une coupe du monde qui devait être la sienne. Même s’il revient à peine d’une longue blessure, ça se voit sur le terrain. Thiago Silva n’est plus le même, plus fébrile, moins confiant, moins serein. Thiago Silva n’est plus aussi dominateur, imposant. Tout simplement, Thiago Silva, ce n’est plus l’assurance tout risque. Avec le temps tout redeviendra comme avant, on n’en doute pas. Mais quand même. Quand Marquinhos est apte à jouer, la présence sur le terrain du capitaine rouge et bleu n’est pas si évidente que ça en ce moment.

Dribble mon garçon !

Lucas est une perle. Mais pour briller et ça parait évident, Lucas doit exploiter son immense talent. Et malheureusement, il ne le fait que trop peu. La principale force de l’ancienne idole du Sao Paulo FC est le dribble. Lucas a pour spécialité le cassage de reins. Souvenez-vous de cette chevauchée fantastique contre l’Olympique de Marseille. Souvenez-vous de ce crochet dévastateur sur Guardado au Mestalla. Lucas est un homme qui peut faire la différence tout seul, grâce à sa pointe de vitesse et sa rapidité d’exécution. Contre Nicosie, Lucas a percuté et comme toujours ses dribbles ont amené le danger, ses dribbles ont déstabilisé les Chypriotes. Trop souvent depuis le début de la saison, Lucas s’est contenté de rester le long de la ligne de touche afin d’écarter le jeu. Un gâchis. Lucas sait aussi bien dribbler dans les petits espaces que dans les grands. A chaque match, il se doit donc de provoquer, de narguer ses adversaires. Son opposant direct devrait systématiquement passer une soirée cauchemardesque. Alors « dribble mon garçon ! ».

L’absence de Zlatan n’est pas une excuse

Evidemment, quand ton meilleur joueur n’est pas là, il est normal d’être moins performant, impressionnant. Mais Paris ne peut pas se contenter d’attendre le retour de son géant suédois en espérant limiter la casse jusque-là. Pourquoi ? Parce que Paris possède tous les éléments nécessaires pour continuer à produire quelque chose d’intéressant et de plaisant. Alors pour quelle(s) raison(s) n’y arrive-t-il pas me demanderez-vous ? La réponse (ou du moins une grande partie de celle-ci) est simple. Paris n’a pas cherché à s’adapter à l’absence de son joueur phare. Le 4-3-3 parisien est fait pour Zlatan. Il lui permet de pleinement s’exprimer et d’exceller puisqu’il lui offre la possibilité de décrocher dès qu’il le souhaite (ses décrochages n’empiètent pas sur la zone d’un éventuel numéro 10 et sont compensés par les ailiers et Matuidi). Sans Ibra, ce système de jeu n’a alors plus aucun sens. Cavani ne possède pas les mêmes qualités. Durant l’absence d’Ibra, Laurent Blanc a préféré demander à ses joueurs de s’adapter à ce changement plutôt que de prendre les choses en mains en s’adaptant lui-même. En clair, Laurent Blanc n’a pas pensé (ou voulu) changer son système de jeu pour mettre en valeur ses joueurs. Par le biais de son coach, Paris a donc une nouvelle fois préféré la facilité et s’est satisfait du minimum.

Alors, le PSG peut-il continuer à se satisfaire du minimum ? Il apparait évident que sur la durée, la réponse est non.