Dominer n'est pas gagné, les Girondins de Bordeaux l'ont appris à leurs dépens dimanche. Malmené lors des trente premières minutes, le FC Nantes est parvenu à inscrire un but contre le cours du jeu. Au retour des vestiaires, les hommes de Michel Der Zakarian ont accentué leur avantage en marquant deux autres buts. Une victoire nette 3-0 qui a démontré surtout le réalisme des Nantais. Bordeaux a dominé, Bordeaux a eu des occasions mais à la fin, Bordeaux en a pris trois. Les jaunes et verts ont su se défaire du piège pour prendre trois nouveaux points dans l'escarcelle. Ce qui porte leur total à 23 points désormais, qui l'aurait cru il y a encore deux mois ? Très peu de monde. Malgré un effectif majoritaire de joueurs venant de Ligue 2, la maison jaune parvient à offrir un football entreprenant, enthousiasmant et qui paye pour l'heure.

Le déclic ? Paris.

Tous les supporters nantais se souviennent de cette rencontre. Fin août, le FC Nantes recevait le monstre, la bête, le Paris Saint-Germain. Les étoiles parisiennes se déplacaient en Loire-Atlantique après un démarrage compliqué avec deux nuls lors des deux premières journées. L'entame était compliquée pour les canaris qui pendant près de quarante minutes voyaient défiler les vagues successives des coéquipiers de Zlatan Ibrahimovic. Le PSG qui avait logiquement ouvert la marque pendant cette période forte grâce à Edinson Cavani. La seconde période était pourtant d'un tout autre acabit, le FCN revenait avec de bien meilleures attentions et égalisait fort justement sur un but d'Alex contre son camp. Ils n'empêchaient pas cependant Lavezzi d'offrir la victoire pour Paris. Cette défaite a été vécu comme un déclic pour la bande à Fabrice Pancrate

"Tout le monde s'attendait à ce qu'on prenne une déculottée, à ce que soit un tremplin pour Paris qui n'était pas encore au mieux. Cela a transcendé mes coéquipiers. Même si on était un peu spectateur durant la première demi-heure. On a vu qu'on pouvait rivaliser, qu'on avait la qualité pour ne pas être ridicule en Ligue 1. On a pris conscience qu'on pouvait faire mieux".

Depuis, les canaris n'ont connu la défaite que deux fois en dix rencontres, prenant ainsi vingt points sur trente possibles. Permettant au club des bords de l'Erdre d'être aujourd'hui juste derrière le PSG, Lille et Monaco et d'être surtout devant des clubs comme Marseille, Saint-Etienne ou encore Lyon.

"Une défense de fer"

C'était la force de l'équipe en Ligue 2 l'an dernier, cette force est toujours là en Ligue 1. Avec dix buts pris en treize journées, la défense nantaise est située au troisième échelon pour l'heure. Un quatuor défensif qui change peu depuis le début de saison.

Issa Cissokho / Oswaldo Vizcarrondo / Papy Djilobodji / Chaker Alhadur, voici le quatuor qui se dégage depuis désormais presque deux mois. La blessure de l'ancien capitaine Olivier Veigneau a changé clairement la donne. Alhadur en a profité pour être désormais titulaire au poste de latéral gauche, à 21 ans seulement et avec à peine dix matchs depuis trois saisons avec les canaris. Aux côtés du jeune Comorien on retrouve deux cadres de la saison passée et le nouvel arrivant. Issa Cissokho, le frère d'Aly qu'on n'attendait pas à pareille fête en L1, l'aîné des Cissokho surprend les observateurs. Sa vitesse côté droit lui permet d'apporter un apport offensif plus qu'intéressant depuis le début du championnat. Avec deux passes décisives, l'ancien joueur de Carquefou se révèle. Désormais international Sénégalais, on n'aurait pas parié dessus quand il est arrivé il y a trois ans. Son compère en sélection, Papy Djilobodji est lui aussi la révélation. Enfin surtout pour la L1, car en Ligue 2, le natif de Kaolack est bien connu pour avoir débrousailler les attaquants adverses. Jouant d'abord milieu défensif, il a été replacé défenseur central par Landry Chauvin il y a deux ans. Et depuis, il n'en finit plus de progresser. Attirant même quelques clubs anglais et le Dynamo de Kiev sur lui. Auteur de deux buts (dont un contre Bordeaux dimanche), le défenseur central du FCN est pleine ascension. Le dernier larron du schéma de Der Zakarian est le nouvel arrivant, l'international Vénézuélien Oswaldo Vizcarrondo. Surnommé "El Patron" en Amérique du Sud, sa ressemblance avec Mario Yepes est frappante, son look d'homme des cavernes peut paraître impressionnant au premier abord. Néanmoins, Vizcarrondo est un joueur typique "Sud-Américain", fort dans le duel aérien et généralement bien placé, Oswaldo est le patron de la défense chez les canaris. En revanche on peut lui reprocher sa lenteur, qui se voit généralement face aux adversaires. On pourra rajouter le gardien Rémy Riou, qui n'a pas vu ses filets tremblés sept fois cette saison.

Derrière eux dans la hiérarchie des défenseurs se trouvent Gabriel Cichero, Olivier Veigneau et Koffi Djidji. Ce premier, titulaire indiscutable l'année dernière, se trouve désormais sur le banc. Une situation qui était à deux doigts de le faire partir l'été dernier. La situation de Veigneau est plus claire, puisqu'il fait les frais de la révélation Chaker Alhadur. Quant à Koffi Djidji, cela reste une solution en cas de blessure, mais le pensionnaire de la Jonelière depuis de nombreuses années jouera les coupes cette saison.

"Un milieu difficile à bouger"

Autre point fort du FC Nantes, c'est la récupération des ballons. Jouant très bas, les canaris attendent leurs adversaires pour arracher les ballons et ainsi se projeter rapidement vers l'avant. Ce rôle est attribué à deux hommes, Lucas Deaux et Birama Touré.

Deaux qui comme Cissokho est en pleine progression. Lui qu'on croyait trop juste pour jouer en Ligue 1 fait taire les critiques depuis le début d'exercice. Formé à Reims et arrivé la saison dernière, le chien de garde du milieu nantais est un joueur une grande gueule. Sans langue de bois avec les médias, Deaux l'est également sur la pelouse. Véritable gratteur de ballon, l'ancien Rémois est un des hommes indispensables pour l'entraîneur Michel Der Zakarian qui le surnomme "le barjot". Commettant beaucoup de fautes (25 depuis le début saison), Deaux n'a cependant toujours pas pris le moindre avertissement en douze matchs disputés. Avec un but marqué contre Rennes et deux passes décisives, il est le leader du milieu nantais. Son compère Birama Touré, lui aussi démontre des qualités intéressantes. Alors qu'il y a encore plus d'un an, ce joueur jouait avec la réserve de Beauvais. Une belle ascension pour le Malien qui est un travailleur de l'ombre, son abattage est très important à la récupération. Avec en moyenne quinze ballons récupérés par match depuis le début du championnat.

"La contre-attaque, le point fort"

Chaque équipe à des points forts et est reconnu par un style caractéristique. Les Nantais en ont deux, la défense mais aussi la contre-attaque. Claudio Ranieri avait même considéré la formation nantaise comme une équipe "à l'italienne" lors du match retour en Ligue 2 où les deux équipes s'étaient quittées sur un match nul. Comme expliquer précédemment, le FC Nantes doit récupérer le ballon rapidement assez bas pour ainsi partir vite vers l'avant. C'est ce qu'il se passe actuellement. Pour cela, il faut avoir des hommes possédant une qualité technique importante et des joueurs sur les côtés qui vont vite. La maison jaune possède un trio qui permet pour l'heure de réussir cette caractéristique.

Jordan Veretout / Vincent Bessat / Serge Gakpé, le trio qui se dégage cette saison. Replacé juste derrière l'attaquant (à savoir Filip Djordjevic), Jordan Veretout est la pépite des jaunes et verts. Formé au club, le milieu international espoir est le joueur régulateur des canaris. Sur les côtés, deux joueurs qui volaient l'an dernier en Ligue 2. Vincent Bessat et Serge Gakpé, l'ancien Messin qui sur son aile gauche percute, abat un travail considérable que ça soit offensivement et défensivement. Joueur complet qui émerge enfin à 28 ans. Quant au Togolais, son replacement sur le côté droit (ou gauche s'il alterne avec Bessat) lui permet de mettre en valeur ses points forts, à savoir sa technique, sa vitesse et sa vivacité. On lui prédisait une belle carrière, mais ses blessures ne l'ont pas épargnées. Aujourd'hui Gakpé est indispensable dans le système nantais, auteur de deux passes décisives et d'un but à Rennes.

"L'arme fatale s'appelle Filip Djordjevic"

Son nom a été souvent entendu après les buts du FC Nantes depuis le début de l'exercice, huit fois pour être précis et vingt fois en Ligue 2 la saison passée. Le buteur Serbe est l'homme de la remontée en Ligue 1 et est l'homme providentiel encore une fois cette saison. Redoutable renard des surfaces, le banni pendant quelques années à Nantes, par les supporters et le club est désormais indispensable. Considéré comme un poison par tous les entraîneurs et adversaires joués cette saison. Il n'a eu besoin que de dix tirs cadrés pour planter ses huit pions. La cote du natif de Belgrade augmente au fur et à mesure de ses ballons rentrés au fond des filets adverses. Désormais capitaine du FCN, le joueur n'a toujours pas prolongé et son contrat expire en juin prochain. Il souhaite cependant finir la saison avec le club qui lui a donné sa chance en arrivant en France. Parlant peu, Djordjevic est néanmoins un homme sanguin et assez chaud quand il s'énerve. Comme son carton rouge l'an dernier face à Niort après avoir insulté l'arbitre ou encore ses déclarations concernant les personnes travaillant au club suite à l'affaire Abdoulaye Touré.

"Des doublures qui vont dans le même sens"

C'est aussi peut-être la force qui permet aux canaris d'être aujourd'hui au quatrième échelon de la Ligue 1, les remplaçants. Le FCN est l'équipe qui a fait le moins de changement dans son équipe, avec deux joueurs en moyenne changée. Alejandro Bedoya, Fernando Aristeguieta, Banel Nicolita ou encore Adrien Trebel. Des noms souvent rentrés en jeu, qui pour autant voient plus le banc que le terrain. Mais ces joueurs ne lâchent pas l'affaire pour autant, comme le répète souvent Michel Der Zakarian : "les joueurs qui ne jouent pas, ne tirent pas la tronche". Tous ont le même objectif donc, le maintien. Le joueur ne passera pas avant le collectif, une phrase symbolique qui montre un groupe sain.

"Des statistiques qui démontrent que la place n'est pas volée"

Huitième à domicile, quatrième à l'extérieur, troisième meilleure attaque, troisième meilleure défense. Des chiffres qui parlent et qui démontrent un constat, aujourd'hui le FC Nantes est bel et bien à la bonne place. L'équipe surprend les observateurs ainsi que ses supporters, les canaris sont solides et marquent souvent le premier but (dix fois sur les treize premières journées). Autre chiffre assez éloquent, quand Filip Djordjevic ouvre le score, c'est six victoires et un nul. La maison jaune qui se situe également bien au classement du fair-play avec une seconde position au classement. Avec seulement treize cartons jaunes pris, montrant ainsi que le FCN n'est pas considéré comme une équipe physique malgré quelques gaillards. Pour autant, l'équipe nantaise n'aime pas profiter du ballon, avec seulement 45% de possession en moyenne positionnant le club avant-dernier de Ligue 1. Ce constat est en grande partie dû à la tactique affichée par Michel Der Zakarian, Nantes attend le ballon bas et préfère subir plutôt que de garder le ballon stérilement.

"Le 12ème homme"

Le renouveau ne s'affiche pas que sur le terrain, dans les tribunes c'est également le cas. Depuis le début de saison le club affiche une moyenne de 27 393 spectateurs à la Beaujoire et dispose de la meilleure affluence en moyenne à l'extérieur avec plus de 800 personnes, juste devant Marseille et Saint-Etienne. Un soutien inconditionnel qui s'explique par un rajeunissement des supporters qui ont vécu plus les années galères que les victoires nantaises. Ce changement radical s'est effectué depuis l'an dernier, grâce aux résultats. Cependant, les supporters l'ont dit, ils ne lâcheront pas jusqu'à la fin de saison. Les médias voient ainsi une nouvelle atmosphère à la Beaujoire et à l'extérieur, mettant en évidence l'ambiance dans les tribunes à chaque rencontre du FC Nantes.

"Jusqu'à quand ?"

La question se pose, où s'arrêteront-ils ? Forcément après la défaite contre Lille, les questions ont fusé. Mais les quatre points pris sur six possibles à l'extérieur ont fait taire cette phrase. Le FC Nantes situé au pied du podium attend toujours sa période noire, celle où on verra les canaris perdrent plusieurs matchs. Elle n'est pas encore arrivée. Et les qualités que la maison jaune démontre en ce moment ne vont pas dans ce sens, le collectif marche, un buteur qui n'en finit pas de marquer et une défense qui prend peu de buts.