"Ce n'est pas parce qu'on a battu Monaco que ça sera facile". Jérémy Pied avait pourtant prévenu ses partenaires. Habitué des matchs piège avec Lyon, oui il a été formé, il savait que rencontrer un club de CFA, chez lui, serait un cadeau empoisonné. Si ses coéquipiers n'étaient pas convaincus au coup d'envoi, ils le sont désormais, marqués physiquement et mentalement par une rencontre ou ils ont été dominés par une équipe d'Yzeure qui ne s'est pas posé de questions.

Devant son public, les hommes de Nicolas Dupuis, survoltés, se sont créer les premières occasions, et surtout les meilleures. A la pause, les Costarmoricains, en dedans, pouvaient s'estimer heureux de ne pas avoir encaissé de but.

Mais à force de jouer avec le feu, l'En Avant s'est brulé et s'est offert une belle frayeur. "Air Beauvue" inexistant, Guingamp est amorphe en attaque et le paye cash à l'heure de jeu, lorsque l'international marocain Jawad El-Hajri, sur un coup franc dévié par N'Goye, trompe le gardien remplaçant de Jonas Lössl, Mamadou Samassa. Touché dans son orgueil, et conscient de l'urgence de la situation, le tenant du titre se réveille et pousse pour tenter d'éviter l'élimination. C'est ce moment que choisit Claudio Beauvue, meilleur buteur du club cette saison avec 17 buts, pour sortir de sa boite.

Après plusieurs échecs en individuel, le Nantais de formation sert idéalement de la tête son compère en attaque Christophe Mandanne, qui n'a plus qu'à finir le travail. Grâce à ce dernier, Guingamp arrache les prolongations in extremis. Un coup dur pour Yzeure, qui avait dominé toute la rencontre et méritait bien d'accéder au premier quart de finale de son histoire en Coupe de France.

Mais si la Coupe peut offrir des souvenirs mémorables aux clubs amateurs, elle peut aussi être cruelle avec eux. Après avoir vu les Costarmoricains les priver d'une qualification directe à seulement 15 secondes de la fin du temps aditionnel, ils seront impuissants lors des prolongations, à bout physiquement.

Auteur lui aussi de sa meilleure saison sous le maillot de l'En Avant (10 buts dont six en Ligue 1), Christophe Mandanne délivre son équipe à la 97e minute avec son 2e but de la soirée. Dans l'euphorie, Jérémy Pied fait le break trois minutes plus tard et envoie son équipe aux portes du dernier carré.

Soulagé par cette qualification obtenue difficilement, Jocelyn Gourvennec a reconnu à la fin de la rencontre le mérite et le bon match des Yzeurois. «C’est sans doute dur à avaler pour Yzeure, qui est une bonne équipe de CFA. On aurait dû marquer avant mais ils n’ont rien lâché. Ce fut difficile, mais on le savait. On avait bien étudié leur jeu. Mais on n’est jamais à l’abri d’un coup de pied arrêté, comme ce fut le cas. Leur entraîneur avait annoncé un 4-3-3 mais je n’y croyais pas une seconde (ce fut un 4-2-3-1 et un 4-4-2)".
Le technicien Costarmoricain a également rendu homamage à son équipe, malmenée durant plus de 90 minutes. "L’expérience acquise ces derniers mois nous a servis. Nous ne nous sommes pas énervés, les joueurs ont su garder leur sang-froid. Cette victoire va nous permettre d’avancer. On est vivants alors que l’on était presque morts fin novembre. La sortie de Yatabaré (32e, remplacé par Pied) était un choix tactique. Sambou a été averti très tôt (24e). Il était dans plusieurs points chauds.»

Du côté du club de l'Allier, la déception était immense pour Nicolas Dupuis. «On y était presque… C’est cruel, ça fait mal ! Une fois remontés, on n’avait plus ni la tête ni les jambes pour pouvoir tenir en prolongation. Je suis fier de ce que les joueurs ont fait. Sur l’égalisation, j’en veux à personne et au monde entier.» avoua l'entraîneur d'Yzeure.
 
Quand au buteur Yzeurois, Jawad El-Hajri, il était partagé entre déception et colère. «J’avais déjà vécu cette situation en étant éliminé par Auxerre, avec Boulogne (CFA, 1-2, a.p.), après une égalisation à la dernière minute sur une faute d’arbitrage d’Alain Sars, qu’il avait d’ailleurs reconnue (quarts de finale, le 20 avril 2005). C’est pour ça que j’ai dit au banc de se calmer. Y avait-il faute sur Adrien Chastan ? Mes coéquipiers sont dégoûtés. Il y a de la déception, de la colère aussi. Mais je suis très content pour mes anciens coéquipiers guingampais.»

Après les seizièmes l'an passé, Yzeure échoue cette fois-ci en huitièmes. A ce rythme, ils seront au Stade de France en 2018.

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Alexandre Mazel
Journaliste au Courrier de l'Ouest, à Niort. Passionné de sport.