C'est une saga qui dure depuis maintenant trois saisons du coté des Girondins de Bordeaux : qui pour prendre la place de numéro 9? Depuis les départs de Marouane Chamakh et Fernando Cavenaghi, c'est une question qui reste sans réponse. Après avoir vu des imposteurs comme Moussa Maazou ou André, des espoirs non confirmés avec la venue d'Anthony Modeste, et toujours David Bellion, la lumière a commencé à venir en fin de saison dernière par l'intermédiaire de Cheick Diabaté. Le sympathique géant malien a planté 21 buts en 44 matchs dont certains décisifs, comme son doublé en Coupe de France face à Evian Thonon Gaillard qui permis aux Marines et Blancs de rapporter la Coupe à Bordeaux pour la première fois depuis 1987. S'il semble enfin avoir pris son envol tardivement à 25 ans, il ne faut pas oublier que si son éclosion a mis tant de temps, c'est aussi en raison de son physique assez fragile. Le Malien peut donc être titulaire mais s'il venait à se blesser une nouvelle fois, ce serait problématique. Sachant que Diego Rolan n'a pas montré grand chose pour le moment et que David Bellion fait du Bellion, il n'y aurait plus aucune alternative.

Un repositionnement judicieux

Mais Francis Gillot est un homme capable de faire des miracles. Depuis le début de sa carrière, il en a fait à Lens, Sochaux et maintenant Bordeaux. Ses dirigeants ne sont pas disposés à lui offrir le renfort offensif qu'il demande ? Tant pis, le Nordiste va se remettre au boulot et sortir de son chapeau une nouvelle alternative de secours qui va finalement se révéler être une solution crédible. Depuis qu'il est arrivé en Gironde il y a deux ans, il n'a cessé de bricoler avec les outils qu'il avait à disposition, n'hésitant pas à changer de système, de position, de stratégie. On l'a encore vu hier avec le cas Henri Saivet. Le jeune Franco-Sénégalais a été titularisé à un poste inhabituel d'attaquant de pointe. En face de lui, il retrouvait la paire brésilienne Alex-Silva. Costaud. Habitué à jouer ailier, position dans laquelle il fait parler sa vitesse et ses capacités à déstabiliser l'adversaire, ce changement de poste n'a pas du tout eu l'air de le perturber, au contraire.

Enfin une alternative à Diabaté

On a senti un Saivet libéré et généreux dans l'effort. Pendant 90 minutes, il multiplia les appels en profondeur sur les côtés et les courses afin d'offrir des solutions à ses partenaires. Ainsi, lorsque derrière les Bordelais n'arrivaient pas à ressortir proprement, Saivet offrait à ses partenaires une solution dans le jeu long en profondeur qui permettait à son équipe de remonter. A la différence d'un Diabaté qui réclame le ballon dans les pieds ou sur la tête et permet au bloc équipe de remonter lentement, sa capacité de conservation de balle lui permettant cela, Saivet offre plus de rapidité dans le jeu. Par le passé, les Girondins ont montré qu'ils avaient parfois tendance à abuser des ballons longs en direction de Diabaté. Là, ils étaient obligés de varier leur jeu parce que face à Alex et Thiago Silva, leur attaquant ne faisait pas le poids même s'il a réussi à planter un but d'une magnifique tête entre les deux Brésiliens. Ses nombreuses courses ont déstabilisé à plusieurs reprises la défense parisienne et offrirent à Maurice-Belay notamment des occasions de faire parler son talent. Personnellement il n'a pas eu énormément d'occasions mais a malgré tout réussi à marquer un but et son impact dans l'animation offensive a été énorme. S'il devrait reprendre sa place sur les côtés, le fait de revoir Saivet à la pointe de l'attaque même en présence de Diabaté serait loin d'être une surprise. En fonction des points forts et faibles de l'adversaire, coach Gillot sera certainement tenté de rééditer cette expérience qui a plutôt bien fonctionné en attaque. C'est désormais une alternative très crédible. Avec Diabaté, Saivet et la possible éclosion de Rolan, Bordeaux va peut-être enfin voir une forme de concurrence s'installer devant.