Depuis des mois, les supporters de l'AS Monaco réclamaient l'arrivée de Layvin Kurzawa chez les Bleus. Didier Deschamps, le sélectionneur français, a enfin comblé leurs voeux. Certes, sa sélection semble évidente eu égard aux nombreux absents à son poste. Mais le parcours du jeune latéral gauche jusqu'ici fut semé d'embûches.

Kurzawa, made in Monaco

Né à Fréjus en 1992, Layvin Kurzawa n'a pour l'instant porté qu'un seul maillot : celui, Rouge et Blanc, de l'AS Monaco, avec lequel il a débuté avec les professionnels à l'âge de dix-huit ans. Mais malgré cette entame prometteuse, le franco-polonais éprouve d'abord les pires difficultés à se faire une place dans le onze asémiste. Que ce soit en Ligue 1 ou en Ligue 2, Kurzawa est cantonné à un rôle de doublure. C'est notamment le Grec Giorgios Tzavellas qui lui est préféré à partir de l'arrivée de Dmitri Rybolovlev sur le Rocher. Au mois de janvier 2013, lassé de la situation, il est même proche de rejoindre le Stade Brestois sous la forme d'un prêt, si bien qu'il annonce lui-même son départ sur Twitter. Finalement, le transfert sera avorté et Layvin Kurzawa restera en Principauté. Un accident dont il se félicite probablement aujourd'hui.

En effet, paradoxalement, c'est avec le retour dans l'élite de l'ASM et de ses nouvelles stars (Radamel Falcao, James Rodriguez, Joao Moutinho...), que le jeune défenseur s'impose enfin dans son club formateur. Débarrassé de la concurrence de Tzavellas, Kurzawa multiplie les prestations étonnantes sur l'aile gauche de la défense. Aux côtés de Ricardo Carvalho ou Eric Abidal, il étale ses formidables capacités offensives, lui, l'attaquant de formation (ceci explique cela). Sa qualité de centre, sa vitesse et sa technique hors du commun pour un latéral font de lui une des révélations du début de Championnat 2013-2014. D'autant que, peu à peu, Kurzawa apprend à corriger ses errements défensifs et devient ainsi un joueur plus complet. Qui marque même des buts : cinq en Ligue 1 la saison dernière, dont quatre au début de l'année 2014. Le jeune joueur est alors aux portes de l'Equipe de France, mais Didier Deschamps lui préfère le Parisien Lucas Digne lors d'un match amical contre les Pays-Bas au mois de février. Le train de la Coupe du Monde au Brésil est passé : Layvin Kurzawa se blesse aux ischios-jambiers, puis rechute. Il ne reviendra pas à temps. Mais ce n'est que partie remise pour celui qui a, entretemps, intégré les Bleuets.

Ici face à Edinson Cavani, Layvin Kurzawa est entré dans une autre dimension. Il peut désormais se mesurer aux plus grands.

Tant de bruit pour (presque) rien

Les Bleuets, d'ailleurs, il aurait peut-être préféré ne jamais en avoir entendu parler. L'histoire est désormais connue; elle a fait grand bruit : lors de la défaite des Espors contre la Suède (synonmye de non-qualification pour l'Euro), Kurzawa, à quelques instants du coup de sifflet final, inscrit un but qu'il imagine décisif. Il chambre alors un adversaire en mimant un salut militaire, avant que la Suède n'égalise et que son geste se retourne contre lui, moqué par les Suédois et sur les réseaux sociaux. Inutile de rappeler les réactions extravagantes et disproportionnées qui fleurirent alors de part et d'autre - notamment du côté de Raymond Domenech, pour ne pas le citer. Disons-le une fois pour toute, Layvin Kurzawa est un jeune joueur, il a commis une erreur de jeunesse. Une erreur qui, au passage, n'était pas si grave et serait passée inaperçue si l'équipe de Pierre Mankowski s'était imposée. Fort heureusement, le défenseur gauche n'a pas été (trop) affecté par la controverse et réussi de nouvelles performances intéressantes.

L'Euro 2016 en ligne de mire

Cependant, « Kurz » ne faisait pas partie de la liste initiale pour les matchs amicaux contre la Suède et l'Albanie, et ce malgré les absences de Patrice Evra et Jérémy Mathieu. Didier Deschamps l'expliquat ainsi, jeudi : « Je n'ai pas eu envie de promouvoir des gens de cette génération par rapport à l'élimination de l'Euro 2015 ». Mais le forfait de Benoît Trémoulinas l'a obligé à modifier ses plans, et voilà Layvin Kurzawa en Equipe de France. Pour longtemps ? L'avenir nous le dira. Mais, face à Evra, Trémoulinas ou Digne, il a de nombreuses qualités à faire valoir. Et peut prétendre à une place dans le groupe pour l'Euro 2016, en France - le Graal.

Portant, d'ici-là, la route est encore longue. Non seulement Layvin Kurzawa devra-t-il saisir les opportunités qui lui seront offertes de briller en Bleu, mais il devra surtout enchaîner les bons matchs avec Monaco. Car c'est sur le long terme que se jouera le ticket pour l'Euro.