D’Arras à Nungesser

 

Le petit Lucas nait en 1997 à Arras. Sportif, il pratique entre autre le tennis à haute dose avant de choisir le foot à l’entrée de l’adolescence. Il enchaîne les clubs dans  l’Aveyron jusqu’à son recrutement par l’AF Rodez. Il y jouera 3 saisons avant de rejoindre le Nord et son premier club pro : Le Valenciennes Football Club. Pour ses premiers mois au sein d’une structure de l’élite, il évolue avec l’équipe espoir et attendra un an avant ses débuts en équipe A. Suiveurs assidus du VAFC, la @TeamVAFC sur Twitter nous raconte :

Il joue son premier match chez nous en 2015 contre Tours. Les circonstances sont particulières, l’adversaire est notre bête noire et une hécatombe force l'entraîneur à titulariser deux jeunes au milieu (Lucas Tousart et Angelo Fulgini, qui a signé il y a quelques jours au SCO d’Angers, NDLR). On doutait beaucoup d’eux, on était 19ième et sur une série noire. Mais Lucas nous a vite impressionné : A 17 ans il a imposé sa loi au milieu.

Geoffrey, un autre fidèle supporter rouge & blanc ne tarit pas d’éloges sur lui “Il était au dessus des autres jeunes. Dès que je l’ai vu jouer j’ai de suite su qu’il irait loin, même s’il a peu porté les couleurs de VA au final”.


La TeamVAFC reprend “En fait, dès la fin du match contre Tours on savait qu’il allait rester titulaire. Ses longues relances aidaient dans notre 4-4-2 classique avec deux grands attaquants. Il était différent, mais pas seulement dans le jeu. Il est super respectueux, concentré sur le foot, investi. Il avait beaucoup de pression cette saison, au final on se maintiendra pendant la seconde période de la 38ème journée de Ligue 2. Il souhaitait rester un an de plus chez nous, mais sans sa vente nous serions peut-être en National”.
Pisté notamment par l’OM, Anderlecht et Manchester City, il quittera finalement Valenciennes et Nungesser comme le chouchou des supporters et arrivera dans l’été entre Rhône et Saône pour 2,5 millions d’euros."

Source : Le phocéen

 

Une année en CFA

 

Ainsi, à l’intersaison 2015-2016, l’OL surprend en achetant Tousart. Les recrues de l’époque se nomment Mapou Yanga-Mbiwa, Mathieu Valbuena ou Claudio Beauvue, des joueurs d’expériences passés par la Ligue 1. De plus, les  Gones préfèrent souvent mettre en avant leur propre académie, l’achat de jeunes provenant d’autres clubs n’est pas réellement courant depuis quelques mercatos.
Les débuts seront difficiles, une fracture de fatigue l’empêche de bien commencer sa saison et il n'apparaît qu’une seule fois sous les couleurs lyonnaises avant l’inauguration du Parc OL, en Janvier. Le départ d’Hubert Fournier et l’arrivée de Bruno Genesio n’y changeront rien, l’année est déprimante pour le jeune milieu, au point d’envisager de demander un prêt pour la saison suivante.
Mais Lucas reste fidèle à sa mentalité de battant et continue sa progression en CFA avant de pouvoir à nouveau se montrer sous son plus beau jour dès l’arrivée de l’été.

Source : uefa.com

La parenthèse Bleue

 

S’il y a bien une caractéristique qui ressort dès que l’on parle aux proches du joueur ou à ses suiveurs les plus assidus c’est son incroyable mentalité. Volontaire, travailleur silencieux et leader naturel, Lucas Tousart a sans problème trouvé sa place en Équipe de France. Intronisé en U19 en 2015, il mettra moins d’un an pour en devenir le capitaine. Toujours en U19, pour l’Euro, il garde son capitanat et sa place de titulaire malgré sa saison décevante avec l’Olympique Lyonnais.
Joueur clé au milieu de terrain, il aidera Mbappe, Augustin ou encore Diop à atteindre la finale face à l’Italie, le 24 Juillet 2016. La soirée va se transformer en carnage, les bleuets s’imposent 4-0, Tousart marque même le 3ème but (son premier en bleu) avant de soulever le trophée avec ses coéquipiers devant le public allemand.

Invité dans l’émission phare de la chaîne télé SFR-Sports, Ludovic Batelli, l'entraîneur de la formation U19 des bleus déclarera plus tard au sujet de son capitaine :

C’est le garant du double projet (projet de vie et projet de jeu, une donnée très importante pour Batelli qui sélectionne ses joueurs en fonction des deux caractéristiques. NDLR).
[...] C’est la clé de voûte, il équilibre l’équipe en permanence, à la fois sur les émotions et sur le jeu.”
De beaux compliments qui ne manqueront pas de mettre en confiance le joueur pour la saison suivante.

Et soudain, la révélation

 

Lorsque la saison 2016-2017 commence, on s’attendait à voir un OL porté par un trio Tolisso-Darder-Gonalons, avec le capitaine lyonnais en pointe basse. On pensait également revoir le 4-3-3 assez classique de Bruno Genesio. Lucas Tousart ne paraît à ce moment là qu’un simple remplaçant potentiel. Loin dans la hiérarchie derrière Grenier et Ferri, il semblait à la lutte pour une place sur le banc avec Olivier Kemen, un autre jeune recruté, lui, chez les équipes de jeunes de Newcastle.
L’élément déclencheur de sa saison sera une suspension, celle de Gonalons après un tacle dangereux en Septembre face à Bordeaux. La capitaine écope de 4 matchs de suspension et Bruno Genesio décide de lancer Lucas Tousart au côté de Corentin Tolisso. Impressionnant par son volume de jeu, il met rapidement tout le monde d’accord du côté du staff. Bruno Genesio déclare, à la fin d’une victoire fleuve face à Metz (5-0)  où le jeune aveyronnais fut impressionnant :
 

« Lucas est en train de progresser et de s’imposer dans cette équipe. Il nous assure un équilibre à la perte du ballon car il est tactiquement intelligent, toujours bien placé. Il nous permet soit de récupérer des deuxièmes ballons très haut sur le terrain pour remettre une attaque, soit d’endiguer des contre-attaques en faisant du recul-frein et en récupérant les ballons. Il fait partie des joueurs importants de l’équipe »

Au final, Tousart jouera 33 matchs avec l’OL, dont 8 dans les deux Coupes d’Europe. En fin de saison il arrivera même à pousser Gonalons sur le banc, devenant le roc nécessaire au milieu à deux de Genesio, tout cela en ayant inscrit 2 buts dont un face à l’AZ en phase éliminatoire de Ligue Europa.

Courtisé à l'intersaison par le Bayern Munich, c’est Watford et le RB Leipzig qui sont revenus à la charge au début de l’été. Seul les Hornets ont approchés directement le joueur, offre directement refusée par l’ancien valenciennois qui compte bien s’imposer dans le tout nouveau Groupama Stadium lyonnais. On parle même du brassard dans un OL dépouillé de ses cadres, une preuve supplémentaire de la confiance qu’on lui accorde au sein de l’encadrement Gones.

Source : 20minutes.fr

De belles statistiques mais encore une marge de progression

 

Si on se penche plus en détail sur les chiffres de la saison de Lucas Tousart, on comprend mieux son impact direct sur le terrain. En 2016-2017 il affiche un taux de passes réussies quasi identique à celui du parisien Marco Verrati et du monégasque Tiémoué Bakayoko (respectivement 86, 89 et 87%).
Il effectue 2,15 interceptions par match ce qui le place juste derrière Bakayoko sur le podium de la Ligue 1. Il gagne plus de la moitié de ses duels aériens et prend en moyenne un carton tous les 10 matchs, preuve s’il en fallait une de la propreté de ses interventions. Le lyonnais remporte plus souvent ses duels que Jean-Michael Seri, pourtant l’un des meilleurs milieux du championnat cette saison.

Mais si ses qualités défensives ne sont plus à prouver, il est temps pour le jeune espoir d’améliorer son apport au jeu et son impact offensif. Bien loin derrière les autres milieux titulaires des grands clubs français, Tousart tente peu de passes, presque 15 de moins par match que Matuidi par exemple.
Il a encore du mal dans la conservation du ballon et peut améliorer sa relance. Si son jeu long est d’ores et déjà très intéressant, être installé comme titulaire dans un schéma enfin stable pourra lui permettre de travailler son jeu court. Sa frappe puissante doit être utilisée plus sciemment et son mètre 85 peut être très efficace lors des coups de pieds arrêtés, histoire de se montrer plus dangereux de l’autre côté du terrain.

 


Le chemin est encore long pour Lucas Tousart, il doit d’abord s’imposer entre Rhône et Saône avant de pouvoir postuler à partir dans un (très) grand club. Mais son mental hors-norme sera sans aucun doute un moteur pour la saison prochaine, pour aller encore plus loin et s’imposer comme l’un des meilleurs espoirs français de Ligue 1. Le nom de Lucas Tousart va revenir très souvent à vos oreilles, vous êtes prévenus.