Elles étaient 97. Elles sont désormais 98 ! Sur 98. Troyes est la dernière équipe des cinq championnats majeurs (France, Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne) à emporter son premier match de championnat à l’extérieur. Il aura donc fallu attendre la 33e journée. Mais le choix de la destination pour débloquer le compteur n’est pas dû au hasard. Rennes, petit à petit, saison après saison, se perfectionne dans le suivi thérapeutique des équipes mal placées. La Ligue fixe le rendez-vous en début de saison, et si votre équipe ne se sent vraiment pas bien lors du rendez-vous, la cure thermale du Stade Rennais se charge de la remettre d’aplomb. Evian (J14, 0-1), Brest (J16, 2-2) ou Nancy (J30, 0-2) l’ont testé et approuvé, et ont refilé la brochure à Jean-Marc Furlan, qui a respecté toutes les conditions à la lettre. Objectif : dépasser son adversaire à l'envie. Face à une équipe en perdition depuis deux mois et demi, et peut-être sonnée par la défaite en Coupe de la Ligue et l'annonce du départ de Frédéric Antonetti en fin de saison, ce n'est pas trop compliqué.

Opération portes ouvertes en début de match

En plus, le Stade Rennais fait une promo : deux buts offerts pour une lanterne rouge du championnat. Faussurier lance Bahebeck côté droit, qui profite de la mansuétude de Boye. Sa frappe croisée trompe Costil (0-1, 5’). Le gardien rennais n’a pas souscrit, et le montre en repoussant un très beau coup-franc enroulé à 30 mètres de Camus (9’). La réaction offensive rennaise se fait attendre, la tête de Féret après une action bien construite passe à côté des buts de Thuram (23’). Dans une ambiance très spéciale (les kops ont suspendu leurs activités d’encouragement pour inciter la direction du Stade Rennais, dont Pierre Dréossi, à quitter le club), l’ESTAC enfonce un peu plus le moral des supporters, qui peuvent difficilement se consoler avec le soleil radieux de la journée printanière. Sur coup-franc, Bréchet est étonnamment seul au point de penalty pour catapulter le ballon dans les filets (0-2, 27’).

Rennes revient dans le match grâce à M. Duhamel, qui accorde un penalty pour une main inexistante de Rincon dans la surface. Féret réduit la marque bien que Thuram ait plongé du bon côté (1-2, 29’). Sans Danzé, Erding, Théophile-Catherine et Kana-Biyik, et avec Makoun laissé sur le banc, Antonetti ne peut tout de même pas se réfugier derrière les absences, car c’est surtout l’envie qui a déclaré forfait. Du côté troyen, l’avantage est mérité et devrait même être plus important au vu de la prestation fournie.

Une remise en question essentielle à Rennes

La deuxième mi-temps est particulièrement insipide. L’ESTAC essaie de gérer son avantage, alors que le SRFC n’a pas spécialement envie de l’emporter. La preuve ? Un jeu lent, avec peu d’appels pour le porteur du ballon. Sadio Diallo symbolise bien le match rennais : soit il perdait le ballon par une mauvaise passe ou un mauvais dribble, soit – et c’est le plus grave quand on est placé meneur de jeu – il a ralenti la circulation du ballon en faisant plusieurs touches de balle. Les deux situations sont évidemment compatibles, l’ancien bastiais n’a été que l’ombre du joueur qui enchantait Furiani la saison passée. Pour le bloc troyen, très bien en place, la situation est alors extrêmement favorable.

La seule occasion rennaise de la deuxième mi-temps est à accréditer au profit de Pitroipa, lui non plus pas en réussite ce soir. Son tir de 20 mètres est repoussé par Thuram (71’). L’addition aurait même pu être plus salée pour les Rouges et Noirs. M. Duhamel siffle un penalty pour une main de Mavinga dans la surface. Camus est chargé de le transformer, mais Costil sauve l’honneur en repoussant la tentative du Tunisien (90’+3’).

Ce succès permet à Troyes de talonner Brest, qui ne compte désormais plus qu’un point d’avance sur le club coaché par Jean-Marc Furlan. Avec six points de retard sur le premier non-relégable, Nancy, le maintien reste néanmoins peu envisageable, mais en cas de victoire à Nice dimanche, il pourrait être plus plausible. Il devrait être plus abordable à obtenir pour Rennes, bloqué à 42 points depuis cinq matchs. Enrayer la mauvaise série est devenu vital pour les Rennais. Le déplacement à Brest, seule équipe plus mauvaise en 2013 que le SRFC, sera révélateur. Alors qu’on sait que ce ne sera plus Frédéric Antonetti le propriétaire du banc la saison prochaine, le club doit à tout prix bien finir la saison pour les droits TV. Avant un profond renouvellement dans la direction et dans l’effectif.

Photo : Benjamin Nivet et Alou Diarra. Crédits : SRFC/Ouest Photos Editions