Un projet en perte de vitesse 

Les débuts de QSI

Lorsque Qatar Sports Investissment rachète le club aux américains de Colony Capital en 2011, le projet des ambitieux qataris se décompose en deux grandes parties : gagner la Ligue des Champions en 5 ans et trouver le "futur Messi". Ces deux parties se décomposent elle-mêmes en plusieurs missions d'importances relatives : se doter d'une excellente direction sportive, assoir l'hégémonie parisienne sur le championnat national, améliorer la formation, attirer des grands joueurs et des grands entraîneurs, etc. Lors des deux premières saisons : le club semble se diriger vers la bonne voie : le président Nasser Al-Klelaïfi renvoie Antoine Kambouaré après son échec en Ligue Europa et le remplace par Carlo Ancelotti, vainqueur de la LdC avec le Milan AC en 2003 et 2007 ; et c'est l'ancien joueur Leonardo qui devient le Directeur Sportif des rouge-et-bleus. Celui-ci parvient à faire signer de nombreux grands joueurs : Maxwell, Thiago Motta, Thiago Silva, Ezequiel Lavezzi, et surtout Zlatan Ibrahimovic. Sous les ordres du technicien italien, les parisiens terminent le championnat à la deuxième puis la première place.   

Un coup d'arrêt

Cependant tout semblait trop rose pour le PSG. C'est alors que Carlo Ancelotti, exacerbé par la pression que lui impose la direction, et notamment Leonardo comme il l'explique dans son autobiographie, démissionne du club sans crier gare. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Leonardo qui semblait préposé pour prendre la succession du technicien est suspendu 9 mois pour une bousculade avec un arbitre, sanction qui sera ensuite alourdie en appel. 

Pris par surprise, Nasser Al-Khelaïfi doit se choisir un nouveau coach dans l'urgence. Soes premiers choix Arsène Wenger et José Mourinho préfèrent rester dans leurs clubs, respectivement Arsenal et le real Madrid. C'est finalement l'ancien champion du monde puis entraîneur de l'Equipe de France Laurent Blanc qui est choisi. 

L'ère Blanc

Laurent Blanc était premièrement vu par les dirigeants qataris comme un entraîneur "bouche-trou", capable d'assurer un interrègne avant l'arrivée d'un réel entraîneur de grand renom. Finalement, le coach français a laissé des traces énormes dans l'équipe, sur les joueurs, leur manière de jouer et leur mentalité. Pendant les 3 années Blanc, le club de la capitale assoit son hégémonie sur la Ligue 1, notamment grâce à une possession de balle à outrance et la domination athlétique et technique de l'homme fort du dispositif, Zlatan Ibrahimovic.

Cependant du point de vue européen, l'équipe semble régresser. Si Laurent Blanc n'a peut être à se reprocher sur la défaite face au Chelsea de Mourinho, l'humiliation un an plus tard contre le FC Barcelone est mal vue. Mais c'est finalement après le 1/4 de finale retour contre Manchester City où le coach français, au pied du mur après le nul 2-2 à domicile, faisant face à la blessure de Verratti et à la suspensien de Matuidi, refuse de faire jouer sa recrue Stambouli et préfère aligner un surprenant 3-5-2.

Cette gestion catastrophique des moments forts, ainsi que le scandale 2 mois plus tôt de Serge Aurier avec "l'affaire Periscope" auront raison de la patience de l'émir du Qatar. 

L'impact d'Unai Emery

Après le licenciement de Blanc, Nasser Al-Khelaïfi fait signer le coach basque Unai Emery en provenance de Séville, où il vient de remporter sa troisième Europa Ligue consécutive. Le natif de Fontarrabie possède alors une certaine cote, on le qualifie notamment de brillant tacticien et de grand amateur du pressing. Cependant, il n'a jamais coaché de grande équipe, sa seule expérience à l'étranger s'est soldée par un échec cuisant (en 2012 au Spartak Moscou) et ce n'est toujours pas le technicien de très grand renom attendu par les supporters parisiens. Qu'importe, la fin de l'ère Blanc est en soit une si bonne nouvelle que nombre de ceux-ci accueillent le Basque avec grande joie. 

C'est aussi le cas des joueurs. Ceux-ci n'hésitent pas à louer son implication à l'entraînement, l'utilisation intensive des séquences vidéos, le pressing, le jeu plus vertical etc., ce qui ne plaît d'ailleurs pas trop à Laurent Blanc qui se sent vexé, son entourage allant même affirmer qu'il aurait vécu son licenciement comme une "blessure psychologique". 

Malgré le bon accueil qu'ils font à Unai Emery, les joueurs gardent les mauvaises habitudes prises sous l'ère Blanc. Verratti refuse de jouer derrière les lignes, les défenseurs axiaux ne relancent pas, etc. En plus de ça, le technicien est confronté à un autre problème : de (très) nombreux joueurs ne sont pas au niveau. C'est le cas de Serge Aurier, catastrophique tout au long de la saison ; de Di Maria, qui finit en tête du nombre total de ballons perdus à la mi-saison ; des recrues Jesé, Krychowiak et Ben Arfa ; de Motta, à qui l'âge ne réussit définitivement pas ; de Matuidi, dont le niveau baisse de saison en saison.

Le projet se relance

L'arrivée de Neymar et ses controverses

Nous vous avions détaillé les rumeurs sur l'arrivée du prodige brésilien dans nos colonnes. Neymar Jr. a bel et bien signé au paris Saint-Germain en provenance du FC Barcelone, son transfert a été officialisé le 3 août et le brésilien a joué son premier match à Guingamp, comme Ronaldinho 14 ans auparavant...

Cependant, le montant du transfert, astronomique (le montant de sa clause libératoire, soit 220M€), a fait grincer de (très) nombreuses dents. Notamment celles du président lyonnais Jean-Michel Aulas, ou du journal marseillais La Provence qui n'a pas hésité à titrer "PSG-du-Qatar" dans son édition journalière. De nombreux intervenants se sont aussi improvisés expert comptables pour affirmer, chiffres biaisés à l'appui, que le club de la capitale ne réussirait jamais à réunir des recettes suffisantes pour ne pas se retrouver en déséquilibre financier et se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de l'UEFA et de son Fair-Play-Financier. C'est le cas par exemple du président barcelonais, Josep-Maria Bartomeu qui croyait le paiement de la clause de Neymar impossible. 

Il est de rigueur, dans cette situation, de rappeler certains points importants : 

  1. L'UEFA et le FPF ne sont pas en mesure d'empêcher un quelconque transfert. Les transferts ne sont pas homologués et validés par l'UEFA mais par la FIFA.
  2. Dans le cadre du FPF les dépenses des transferts et des salaires sont amortis sur la durée du contrat, en l'occurrence 5 années pour Neymar. 

 L'officialisation passée, de nombreux intervenants ont ensuite fait part d'un démagogisme assez incroyable ; avec un panel très varié passant de Patrick Montel à Dieudonné. Il est cependant assez étrange de remarquer que le football cristallise les ressentiments autour de l'argent qui y circule, alors que les montants largement supérieurs circulant par exemple en NBA ou dans le cinéma ne semblent en comparaison émouvoir personne. De mémoire d'homme, Patrick Montel ne s'est par exemple jamais offusqué des montants que touchent les vainqueurs des compétitions d'athlétisme. 

Ce que Neymar va apporter au jeu du PSG

On l'a dit, le jeu du Paris Saint-Germain souffre de plusieurs maux : les centraux relancent peu, le milieu (Rabiot Motta Verratti) a tendance à jouer dans la même zone et à se marcher sur les pieds en plus de sa lenteur exaspérante, etc. 

Déjà au Brésil, Neymar Jr. joue plus comme un électron libre que comme un pur ailier gauche. Il apporte le déséquilibre dans le dispositif adverse par ses dribbles et ses passes, est capable de combiner pour aller marquer et même pour faire marquer. bref, il sait tout faire. En plus de ses évidentes capacités techniques, le natif de Mogi das Cruzes, possède des capacités mentales évidentes, et très important dans le système d'Emery : capable d'aller au pressing et de faire des aller-retours.

La capacité de Neymar à combiner dans les petits espaces sera surement déterminante dans la conquête du titre : en effet la plupart des équipes de Ligue 1 continueront sûrement de "mettre le bus" et de jouer avec une défense ultra-regroupée devant la surface de réparation. 

Que ce soit en ailier dans un 4-3-3 ou comme milieu offensif dans un 4-2-3-1, Neymar aura probablement un rôle intermédiaire, comme nous avons pu le voir lors de Guingamp-PSG.

L'apport médiatique et financier de Neymar 

En plus d'être un joueur incroyable, Neymar est déjà une petite entreprise à lui tout seul (il suffit de voir les montants en impôts, taxes, primes, salaires et autres commissions d'agent versées par le PSG pour s'en convaincre). C'est probablement le joueur le plus bankable au monde, et les Qataris l'ont bien compris. De nombreux partenariats de sponsoring, de naming, de publicité pourront à présent être conclut, et tous s'annoncent plus lucratifs que les autres. On comprend d'ailleurs que c'est par ce moyen que le PSG augmentera substentiellement ses recettes afin de rentrer dans les clous du FPF. De plus, Nike pourrait y voir l'opportunité de faire du Paris Saint-Germain son club phare, grâce la présence de nombreux joueurs Nike dans l'effectif : Marco Verratti, Edinson Cavani, et bien sur Neymar (sans compter l'arrivée éventuelle de Kylian Mbappé, lui aussi joueur Nike...)

En plus d'apporter considérablement du point du vue financier au PSG (les ventes de maillots ont bondi de 40%), Neymar peut aussi faire passer le club rouge-et-bleu dans une autre dimension médiatique. Encore considéré comme un nouveau venu européen par une grosse partie de l'Europe, tourné en ridicule par certains intervenants après la défaite du 8 mars au Camp Nou, c'est enfin l'occasion pour les parisiens de d'affirmer définitivement que leur place légitime est au sein des très grands d'Europe en signant le futur meilleur joueur du monde. 

Le PSG prêt à continuer sa déjà glorieuse histoire européenne

Beaucoup de gens l'ignorent, mais le Paris Saint-Germain compte déjà une Coupe d'Europe dans son palmarès : la Coupe des Coupes, glanée en 1996. En France, seul l'Olympique de Marseille peut se targuer de mieux. Le Paris Saint-Germain a aussi déjà atteint les 1/2 finales de C1 : en 1995, après avoir éliminé...le FC Barcelone. Le Paris Saint-Germain est aussi le seul club français à avoir atteint la première place du classement des clubs européens : en 1998, place aujourd'hui occupée logiquement par le Real Madrid. 

Après les "années dorées" sous l'ère Denisot, le club de la capitale a aussi porté le football français durant quatre années ponctuées de quatre 1/4 de finale successifs, permettant par exemple à la France de rester devant la Russie au classement UEFA.

Après l'élimination en face à Barcelone la saison dernière, les dirigeants du PSG semblent prêts à continuer d'écrire l'histoire du PSG, l'histoire du football en général, et cela avec Neymar.