Veille de match, l’entrainement se termine pour l’équipe de France à la piscine Jean-Bouin de Nice. Ugo Crousillat salue un par un ses anciens partenaires et compatriotes du Monténégro. Avec eux, il est devenu vice-champion du monde en 2013. En se payant même le luxe d’inscrire un but en finale.

‘’Ça fait toujours quelque chose de spécial de les retrouver, reconnait-il, posé dans les gradins. Même si la plupart des gars que je côtoyais sont absents, c’est toujours un plaisir de revoir des joueurs avec qui j’ai vécu des moments inoubliables.’’

En s’expatriant au club de Budva en 2012, le natif de Marseille a tout fait pour côtoyer le plus haut-niveau : ‘’Au Monténégro et dans beaucoup de pays adriatiques, le water-polo est une vraie culture. Les gens regardent les matchs dans les bars, tout le monde connait les joueurs de l’équipe nationale.’’

L’ailier droit ne tarde pas  à s’imposer parmi les meilleurs buteurs de la Ligue. Et tape naturellement dans l’œil des dirigeants de son pays d’adoption. ‘’Au bout d’un an, j’ai obtenu le passeport monténégrin et la double nationalité.’’ Le début d’une parenthèse inattendue. 

Les joueurs naturalisés, un phénomène auquel n’échappe pas le water-polo : ‘’On a deux joueurs qui viennent de l’étranger en sélection française. C’est bien mais il ne faut pas que ce soit trop non plus. Parce que si on avait 10 serbes en équipe de France, ça ne ressemblerait plus à rien. Au Monténégro, j’étais le seul étranger.’’

Un sport ‘’en manque de reconnaissance’’

Revenu au début de la saison 2014-2015 dans son club formateur, le Cercle des Nageurs de Marseille avec lequel il est cinq fois champion de France, Ugo Crousillat se voit désormais comme ‘’un leader’’. ‘’J’essaye d’apporter un maximum avec l’expérience que j’ai pu acquérir même s’il me reste encore beaucoup de choses à apprendre. Malgré mon jeune âge, ça fait déjà huit ans que je suis professionnel. ‘’

Prochaine échéance en ligne de mire, participer aux Jeux Olympiques cet été. Ce qui serait une première depuis Barcelone en 1992 pour les français. Mais la route est encore longue. Du 3 au 10 avril, 12 équipes réparties en deux poules s’affronteront en Italie. A la clé quatre places pour Rio. ‘’Ça sera difficile mais on a rien à envier à des équipes comme la Russie, la Roumanie, l’Allemagne ou les Pays-Bas. Tous ces pays ont à peu près le même niveau et il n’y aura qu’une place car devant il y a trois sélections intouchables.’’

‘’La reconnaissance passe par les résultats’’

Aux portes du top huit lors du dernier championnat d’Europe, les tricolores font tout pour obtenir une reconnaissance qui tarde à venir. ‘’ On n’est pas trop mis en valeur ici. En Serbie, on a joué devant 16 000 personnes, c’est génial pour notre sport et j’espère que cela a pu promouvoir un peu le polo.’’

Décrocher une qualification pour les JO, le prétexte idéal pour être médiatisé davantage. ‘’ La reconnaissance passe par les résultats. Si on se qualifie pour Rio, ça aidera le water-polo français à se faire connaitre.’’ Ce n’est pourtant pas faute d’essayer : ‘’ Je fais partie d’une agence de communication qui permet de développer mon image à travers mon sport. Je suis assez actif sur les réseaux sociaux aussi.’’  

 La création de la Ligue Promotionnelle en 2013 poursuit cette démarche de ‘’meilleure structuration’’. Marc Crousillat, ancien international et papa d’Ugo, en est le président.  ‘’Il y a beaucoup d’efforts à faire au niveau de la fédération de natation pour mieux nous accompagner’’, estime le poloïste.

Tout juste revenus d’un stage en Grèce, les joueurs de l’équipe de France enchainent les déplacements. ‘’ On a des longs voyages où l’on reste très peu de temps sur place. On n’arrive pas toujours motivés à 100% à l’entrainement, ça m’arrive de faire des overdoses…’’ Ugo Crousillat n’est pourtant pas prêt d’arrêter : ’’ Je risque sûrement de repartir à l’étranger dès l’année prochaine.’’

About the author